La Agüera
Ifni
Le territoire d'Ifni est aujourd'hui intégré au Maroc. Situé au sud du pays, à la lisière du Sahara, Ifni est ouvert sur l'océan Atlantique.

Dès 789, le territoire d'Ifni est intégré au royaume du Maroc. Lorsque la dynastie de Castille s'installe sur les Îles Canaries, il commence à convoiter les côtes marocaines. Un comptoir est alors établi sur la façade atlantique d'Ifni, que les Espagnols nomment Santa Cruz de la Mar Pequerîa, Sainte Croix de la petite mer, en 1476. Ce comptoir n'est pas du goût des Marocains, qui en reprennent le contrôle quelques décennies plus tard, en 1524.
Il faut attendre 1860 pour que les Espagnols reviennent dans la région, à la signature du traité de Wad-Ras. Ce pacte met fin à la guerre qui oppose l'Espagne et le Maroc depuis 1859. Entre autres, l'Espagne obtient le droit de fonder une colonie autour de Santa Cruz de La Mar Pequerîa. Celle-ci aura pour objectif premier l'exploitation de la pêche et sera administrée par l'archipel, très proche géographiquement, des Canaries.
En 1912, lorsque la France et l'Espagne se partagent le Maroc, Ifni tombe officiellement sous protectorat espagnol. Le territoire devient une enclave ibérique au milieu du grand protectorat français qui concerne la majeure partie du Maroc. Mais les Espagnols ne se lancent pas de suite dans la colonisation de la zone. Ce n'est qu'en 1934 qu'ils décident d'occuper réellement les territoires du Sahara occidental qu'ils possèdent. Un port est construit à Sidi Ifni, qui donne alors officiellement son nom à la colonie.


En 1940, Ifni reçoit ses premiers timbres spécifiques. Il s'agit d'une série de poste aérienne comportant onze valeurs. Une surcharge « Via Aérea » et un dessin d'avion sont apposés sur des timbres espagnols de 1956.
Dans la foulée, en 1941, apparaît la première série d'usage courant. Là encore, il s'agit de timbres espagnols surchargés de la mention « Territorio de Ifni ». Quinze valeurs composent la série. Deux ans plus tard sortent les premiers timbres imprimés spé.



La mainmise de l'Espagne se fait de plus en plus grande. Les colons représentent plus de la moitié des habitants et la culture, la langue, l'architecture du territoire s'imprègnent peu à peu des influences ibériques. Des traces remarquables demeurent encore aujourd'hui à Sidi Ifni.
Cette influence est d'autant plus spectaculaire qu'elle prend place en quelques années seulement. En effet, en 1957 l'enclave d'Ifni est assiégée par la tribu Ait Baâmrane, soutenue par l'armée de libération du Maroc. 1eacute;clate alors la guerre d'Ifni. (assaut marocain sur Sidi Ifni est facilement repoussé par les Espagnols, mais leurs positions sont fortement affaiblies. Au terme du conflit, la présence européenne n'existe plus qu'à Sidi Ifni, les autres villes étant au contrôle des forces marocaines. Paradoxalement, en 1958, Ifni est déclarée province d'outre-mer par l'Espagne avec Sidi Ifni comme capitale.
La présence espagnole dure encore durant onze ans. Lorsque l'ONU intègre Ifni dans la liste des territoires non autonomes, l'Espagne accepte de se retirer et de laisser Ifni aux mains du Maroc en 1969, six ans avant la cession du Sahara espagnol. À partir de cette année 1969, Ifni utilise les timbres du Maroc.

La Agüera
La Agüera, également orthographiée Lagouira, est une petite localité du Sahara Occidental, située à l'extrême Sud de la partie autrefois espagnole de cette zone. La Agüera se trouve sur le versant Ouest d'une petite bande de terre de soixante-cinq kilomètres de large qui forme le Cap Blanc. Cette zone, ouverte sur l'océan Atlantique, est frontalière de la Mauritanie, face notamment à la ville de Port- Étienne.

Depuis le XVe siècle, l'Espagne est implantée sur la côte occidentale du Sahara, notamment pour Ie commerce du poisson. Au fil du temps, de nombreux pêcheurs, venus essentiellement des îles Canaries, exploitent toute la zone côtière, depuis le Cap Juby, qui fait face aux Canaries, jusqu'à la pointe du Cap Blanc.
À Ia fin du XIXe siècle, alors que Ia course aux territoires coloniaux déchire les grandes puissances européennes, l'Espagne compte bien ne pas rester en retrait. À partir de 1881, la couronne espagnole envoie des sociétés africanistes en mission pour dépasser les côtes sahariennes et explorer I'intérieur des terres. De nombreux traités sont passés avec les chefs locaux.
En décembre 1884, le premier pas vers le Sahara espagnol est officialisé en créant un protectorat sur la zone de Rio de Oro, du Cap Boujdour jusqu'au Cap Blanc. Trois ans plus tard, le protectorat s'agrandit au Nord, avec le Seguia el Hamra, qui s'étend jusqu'au Cap Juby, dont la zone sera rattachée au protectorat en 1916.
En 1900, lors du traité de Paris, les frontières entre la Mauritanie, battant alors pavillon tricolore, et le Sahara espagnol sont clairement établies. Les frontières avec le Maroc sont quant à elles fixées en l9l2 par la convention de Madrid.



Effigie d'Alfonse XIII
En 1920, les Espagnols fondent une base aérienne militaire à La Agüera. Dès lors, ils y utilisent les timbres de Rio de Oro, bien que le territoire n'y soit pas encore officiellement rattaché. À partir de 1921, l'Espagne réserve une émission particulière pour La Agüera. Plus précisément il s'agit de timbres venus de Rio de Oro, parus en 1920, représentant le portrait de profil d'Alphonse XIII, surchargés de la mention « La Agüera ». Les treize valeurs de la série de 1920, dotées de chiffres de contrôle au verso, reçoivent la surcharge dédiée.



Effigie d'Alfonse XIII
Deux ans plus tard, en 1923, treize nouvelles valeurs sont émises, à la fois à Rio de Oro et à La Agüera. Les deux séries sont identiques au niveau du motif, le profil droit d'Alphonse XIII, et au niveau du panel des valeurs faciales. En revanche, les nuances de couleurs affectées aux différentes faciales varient d'un territoire à l'autre et, surtout la mention présente dans le cartouche inférieur diffère : sous « Sahara Occidental ». on peut lire « Rio de Oro » pour une série et « La Agüera » pour l'autre.
Ces deux séries de treize valeurs sont les seules que connaîtra la localité de La Agüera. En effet, en 1924, elle est rattachée à Rio de Oro. Le territoire ainsi agrandi prend désormais le seul nom de Sahara espagnol.

L'Espagne conserve la main sur les territoires du Sahara occidental jusqu'au milieu du XXe siècle : en 1956, le Maroc entreprend de reconquérir les territoires qui bordent ses frontières sud et revendiquent le Sahara espagnol. À partir des années 1960, les volontés d'indépendance se multiplient et le mandat prend fin en 1976. Le territoire, dont La Agüera, est alors intégralement sous le contrôle marocain.
Les timbres du Maroc y sont depuis utilisés. De nos jours encore, la zone stratégique de Lagouira reste un point de conflit entre le Maroc et la Mauritanie, qui s'en disputent l'obtention.
