Libérée du joug espagnol depuis 1810, l'Argentine n'en finit pas d'essayer de trouver un consensus lui permettant d'être un État uni et fort. Les dissensions entre partisans de l'unité et ceux qui défendent le fédéralisme sont toujours aussi fortes plus de quarante ans après la proclamation d'indépendance.
En 1854, alors que les deux grands pays voisins que sont le Brésil et le Chili ont déjà adopté le timbre-poste, l'Argentine s'est tant bien que mal créé ; un service du courrier national mais qui fonctionne mal : chaque province souhaitant gérer sa Propre organisation postale. En 1856, le 21 août très précisément, la province de Corrientes franchit le pas et émet ses propres timbres (ils reproduisent grossièrement l'effigie de Cérès).
La réplique ne se fait pas attendre : la province de Buenos Aires qui s'est exclue de la Confédération argentine a elle aussi préparé des figurines dont le dessin montre un gaucho dans la pampa...
Prévus pour être émis eux aussi en 1856, les timbres ne seront pas mis en vente pour cause de changement d'unité monétaire, le Réol étant remplacé par le Peso.
Qu'à cela ne tienne, le gouvernement provincial décide de préparer une nouvelle émission et celle-ci est mise en vente fin avril 1858, soit deux jours avant que ne paraissent les trois timbres émis par la Confédération argentine dont le siége est à Rosario.
La province de Cordoba fera également des timbres qui ne seront émis qu'en octobre. Du coup, ce sont quatre émissions différentes qui servent sur le sol argentin cette année-là, un véritable luxe pour un pays où, il faut le reconnaître, les infrastructures postales sont encore balbutiantes.
Si Cordoba renonce à ses velléités d'autonomie postale en 1860 en adoptant les timbres de la Confédération, Buenos Aires résistera plus longtemps en maintenant l'usage de ses timbres jusqu'en 1864. ■