Anciennes colonies françaises

Afrique Équatoriale Française

L'Afrique Équatoriale Française a été créée par deux décrets ; le premier date du 11 février 1906, le second du l5 janvier 1910. Elle regroupe quatre territoires : le Gabon, le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad soit une superficie totale de 2 256 000 km2. Elle est placée sous l'autorité d'un gouverneur général résidant à Brazzaville, assisté de lieutenants-gouverneurs généraux nommés dans chaque territoire.

À partir de 1946, l'A.E.F. bénéficiera d'une représentation aux chambres (députés, sénateurs) et à l'Assemblée de l'Union française.

Ces dispositions disparaîtront avec l'avénement de la Ve République en 1959. La décolonisation puis l'accession à l'indépendance des différents territoires dans les années 1960 mettra un terme à l'existence de l'Afrique Équatoriale Française.

Sur un plan purement philatélique, la première apparition de l'A.E.F. date de janvier 1911 lorsque la mention « Afrique Équatoriale » est portée sur les dix-sept valeurs courantes du Gabon. Cette mention indique que les timbres peuvent être utilisés dans tous les territoires (le Tchad, en tant que tel, n'existe qu'à partir de 1914, lorsqu'il est détaché de l'Oubangui-Chari).

Durant l'année 1924, les quatre colonies (y compris le Gabon) émettent des timbres surchargés « AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE » ce qui, même s'ils sont émis dans leurs colonies respectives, implique leur utilisation sur l'ensemble du territoire de l'A.E.F.

Entre 1930 et 1933, les quatre territoires cessent toute émission en leur nom propre. En 1936, les surchargés provisoires évoqués plus haut sont mis en circulation dans l'ensemble de l'A.E.F.

Le dernier timbre de l'A.E.F., un 20 F « 10e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme », sera émis le l0 décembre 1958. À cette date, le capital philatélique de l'A.E.F. représente 533 timbres (dont 62 poste aérienne et 21 taxes) parmi lesquels les émissions de la France libre sont les plus recherchées. ■

Oubangui-Chari

L'Oubangui-Chari, correspondant aujourd'hui à la République Centrafricaine, est un territoire d'Afrique noire, situé au nord du Congo, au sud du Tchad, à l'Ouest du Soudan et à l'est du Cameroun. Cette position enclavée ne lui offre aucune façade maritime.

La colonisation francaise du territoire démarre à la fin du XIXe siècle, dans les années 1880. Les Belges, installés au Congo, et les Français, au Congo Brazzaville, souhaitent s'arroger cette portion de territoire, située au nord des positions qu'ils occupent déjà. Ce sont les Français qui s'y implantent durablement à partir de 1889, lorsque démarre la construction de Bangui.

En 1894, les dernières positions belges aux alentours sont reprises par les Français.

Le territoire est d'abord rattaché à l'administration coloniale du Congo Brazzaville, dont il sera détaché par le décret du 29 décembre 1903. Est alors formé l'Oubangui-Chari, né de la réunification des territoires de Haut-Oubangui et de Haut-Chari. L'Oubangui-Chari et le territoire militaire Tchad sont ensuite rattachés en une seule et même colonie le 11 février 1906. Cette union durera jusqu'à la fin de l'année 1921.

Entretemps, en 1910, l'Oubangui-Chari-Tchad entre dans la fédération de l'Afrique Équatoriale Française.

Lorsque les deux territoires sont séparés du Congo, à la fin de l'année 1903, aucune émission philatélique propre ne leur est livrée par l'administration française. L'Oubangui-Chari et le Tchad continuent donc d'utiliser les timbres du Congo Brazzaville ainsi que la série Groupe du Gabon. Seuls les timbres oblitérés peuvent, à partir de 1904, témoigner de leur passage par un des bureaux ouverts en Oubangui-Chari.

Les premiers timbres spécifiques à l'Oubangui-Chari-Tchad apparaissent en 1915. Il s'agit des seize timbres de la série de 1907 du Moyen Congo, dénomination du Congo après sa séparation avec le Gabon, qui ont reçu la surcharge en caractères bâtons « Oubangui-Chari-Tchad ».

Les six premières valeurs représentent une panthère, les dix suivantes une femme Bakalois, peuple du Gabon.

La valeur à 10 centimes est surchargée au profit de la Croix-Rouge durant la Première Guerre mondiale, et les deux motifs, la panthère et la femme Bakalois, sont repris pour une nouvelle série de cinq valeurs émise en 1922, toujours avec le nom de la colonie en surcharge.

En 1922, après la séparation avec le Tchad, qui sera doté d'émissions particulières, l'Oubangui-Chari continue de recevoir les timbres du Moyen Congo, toujours avec les mêmes motifs, et toujours avec le nom de la colonie en surcharge.

À celui-ci s'ajoute, dès 1924, la mention « Afrique Équatoriale Française », elle aussi apposée en surcharge.

Seule la dernière émission d'Oubangui-Chari, parue en 1931, porte le nom du pays directement imprimé sur les timbres : il s'agit de la grande série pour l'exposition coloniale de Paris, commune à l'ensemble des colonies de l'époque.

À partir de 1936, toutes les émissions spécifiques de l'Oubangui-Chari disparaissent au profit des seuls timbres émis pour l'ensemble de l'Afrique Équatoriale Française. La République Centrafricaine est proclamée indépendante le 1er décembre 1958 et obtient son autonomie complète le l3 août 1960.

Dès 1959, le pays utilise des timbres libellés de son nouveau nom. ■

Afrique Occidentale Française

L'Afrique-Occidentale française était une fédération groupant, entre 1895 et 1958, huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest, avec l'objectif de coordonner, sous une même autorité, la colonisation française sur le continent africain.

Constituée en plusieurs étapes, elle réunit à terme la Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (devenu Mali), la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (devenue Burkina Faso) et le Dahomey (devenu Bénin), soit près de 25 millions de personnes au moment de sa dissolution.

En remplacement d'un sous-secrétariat d'état, une loi du 20 mars 1894 institue un véritable ministère des Colonies, chargé de centraliser la gestion des colonies. Tous les territoires appartenant à la France ou protégés par elle hors d'Europe en relèvent désormais.

Une nouvelle entité territoriale, l'Afrique-Occidentale française, est créée le 16 juin 1895 par l'union du Sénégal, du Soudan français, de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire seulement.

Chaque colonie continua néanmoins d'avoir une administration postale autonome et d'émettre ses propres timbres jusqu'en 1944. Ils étaient valables dans toutes les colonies de l'A.O.F. Leur validité alla de décembre 1944 à 1960, lorsque chaque colonie devint indépendante ou émit ses propres timbres.

Le premier timbre fut émis en 1944 faisant la promotion de l'Entraide française

En 1945, un timbre de métropole « Journée du timbre - Louis XI » fut surchargé A.O.F.

La dernière émission du 21 mars 1959 avait pour thème la Journée du Timbre. ■

Djibouti

À l'heure des grandes rivalités européennes dans la course à l'empire colonial, la Corne de l'Afrique fait lorgner les grandes puissances européennes. Et pour cause : c'est un endroit stratégique, qui borde la mer Rouge et le golfe d'Aden, lieu de passage de toutes les grandes compagnies maritimes qui empruntent le canal de Suez pour rythmer les échanges commerciaux entre l'Europe et l'Asie.

En 1862,la France achète Obock et, vingt-deux ans plus tard, y établit un dépôt de charbon pour le ravitaillement des bateaux à destination de Madagascar ou du Tonkin. Le 1er septembre 1884, un bureau de Poste ouvre ses portes à Obock.

Mais le port de ce petit village révèle très vite ses limites : il est trop petit pour faire face au trafic maritime. La France choisit alors, en 1888, d'investir dans la construction d'un port ex nihilo dans la ville de Djibouti, de l'autre côté du golfe de Tadjourah, placé sous protectorat français. En 1891, Djibouti, Obock et les terres qui les entourent sont réunis pour former la Côte française des Somalis, qui s'insère entre la force italienne dominant l'Erythrée au nord et la puissance britannique installée en Somalie, au sud.

>Djibouti voit apparaître un bureau de Poste en 1893, Alors qu'Obock est de plus en plus désertée et que Djibouti est en pleine expansion, ce bureau ne reçoit pas pour autant d'émission philatélique spécifique. La raison est simple : si Obock est bel et bien une colonie, Djibouti n'est pour l'instant qu'un protectorat. Les premiers timbres de la Côte des Somalis sont donc trois exemplaires du type Groupe d'Obock surchargés « DJ » ou « Djibouti ».

Les 1 et 2 centimes reçoivent en plus une surcharge indiquant une nouvelle valeur faciale.

Le bureau d'Obock continue d'exister et reçoit, en 1893, des timbres très originaux, puisqu'ils arborent une forme triangulaire. Le 5 francs rose, représentant un méhariste, est utilisé dans le protectorat de Djibouti surchargé de la mention de la ville seule, ou avec une nouvelle valeur faciale à 1 franc.

En 1894, le protectorat reçoit sa première émission spécifique : quinze timbres non dentelés avec un dessin de dentelure, figurant une vue de Djibouti. Les timbres arborent la mention « Protectorat de la Côte des Somalis » au-dessus du dessin, et « Djibouti » en dessous.

En 1896, un décret fusionne les deux territoires pour ne plus former qu'une seule et même colonie. Mais il faut attendre 1902 pour que la Côte française des Somalis voie apparaître des timbres sans mention complémentaire d'une ville précise. Entre-temps, Djibouti écoule les stocks d'Obock, dont le bureau a fermé ses portes en 1899. Les timbres sont utilisés tels quels, entiers ou coupés en deux. C'est ainsi que l'on peut trouver des exemplaires d'Obock oblitérés à Djibouti. Les timbres reçoivent ensuite une nouvelle valeur faciale en surcharge, combinée ou non à « Djibouti », afin de faire face au manque de certaines valeurs.

La série de 1902 est le point de départ de près de trois cents timbres émis dans la colonie. En 1967, le territoire obtient un gouvernement local et prend le nom de Territoire français des Afars et des lssas, avant de gagner totalement son indépendance en 1977 pour devenir la république de Djibouti. ■

Obock

Obock est une ville portuaire du continent africain, sur la côte de l'état actuel de Djibouti. La ville est ouverte sur le golfe d'Aden, et se situe à l'entrée du golfe de Tadjourah.

Dans la course à l'empire colonial, la corne de l'Afrique attire les convoitises européennes, tant l'emplacement est stratégique : tous les navires transitant par le canal de Suez doivent emprunter le golfe d'Aden, et donc passer devant les côtes somaliennes.

La France s'intéresse à Obock dès 1857 : le consul de France à Aden conclut l'achat de la ville, qui est ratifié par les chefs locaux. En 1862, la ville appartient officiellement à la France. Le but est de créer une étape de ravitaillement pour Ies navires tricolores reliant la métropole à Madagascar, ainsi qu'au Tonkin.

En 1884, Obock devient officiellement une colonie française. Cette année-là ouvre le dépôt de charbon, destiné aux navires en transit ainsi que le premier bureau de poste. Celui-ci est inauguré le 1er septembre, et officialise une liaison postale entre Obock et Aden, escale des compagnies maritimes d'Orient.

Le bureau postal d'Obock délivre des émissions générales des colonies au type Alphée Dubois. Seule l'oblitération du bureau permet d'en identifier la provenance. On peut trouver des cachets portant la mention « Obock - Colonie française » ou, plus rarement, « Obock - corr des armées » pour le courrier de guerre.

Le port d'Obock qui préexiste à l'arrivée des Français et qui est de petite taille, révèle très vite ses limites face au trafic maritime grandissant. Trop petit, il est abandonné au profit du port de Djibouti, que les Français construisent de toutes pièces à partir de 1888.

En 1891, Djibouti, Obock et les terres environnantes sont réunies pour former la Côte française des Somalis, coincée entre l'Erythrée au nord, sous pavillon italien, et la Somalie au sud, sous domination britannique.

En 1892, afin d'enrayer la spéculation sur les émissions générales, Obock est dotée d'émissions spécifiques. ll s'agit de valeurs au type Alphée Dubois avec, en surcharge, le nom de la ville. Très vite, les petites valeurs viennent à manquer, et une seconde surcharge, affectant aux timbres une nouvelle faciale, est apposée sur les stocks.

À la fin de l'année 1892, après trente émissions surchargées, Obock reçoit une série au type Groupe avec le nom de la ville directement imprimé dans le cartouche inférieur. Et même si la ville est délaissée au profit de Djibouti, alors en pleine expansion, le bureau d'Obock continue de fonctionner.

En 1893, il est doté de timbres arborant une forme inédite, puisqu'ils sont triangulaires. La même année ouvre le bureau de poste de Djibouti, en parallèle de celui d'Obock. Les stocks d'Obock qu'il s'agisse du type Groupe ou des timbres triangulaires, sont utilisés à Djibouti avec une surcharge « DJ » ou « Djibouti », jusqu'à épuisement. Le bureau d'Obock ferme quant à lui ses portes en 1899, fusionné avec celui de Djibouti.

En tout, la ville aura connu soixante-quatre timbres ainsi que dix-huit chiffres-taxes, les mêmes qu'en métropole avec une surcharge distinctive « Obock ». La série des Alphée Dubois surchargés d'une nouvelle valeur faciale par un procédé manuel a donné naissance à de nombreuses variétés de surcharge, parfois très onéreuses, qui nécessitent une grande vigilance pour être sûr de leur authenticité. ■

Mohéli

Mohéli est une des îles de l'archipel des Comores, située dans l'Océan Indien, entre le Mozambique et Madagascar, précisément entre l'Île de la Crande Comore et l'Île d'Anjouan.

Si Mohéli fait aujourd'hui partie, au même titre que les deux îles précédemment citées, de l'État des Comores, son histoire est étroitement liée à celle de l'épopée coloniale française.

Les premières traces d'habitat sur Mohéli remontent au IXe siècle. ll s'agit d'une population essentiellement venue des côtes africaines et surtout de Madagascar. Ces habitants vont connaître progressivement l'arrivée des peuples arabes venus de Perse, qui s'installent sur la côte est du continent africain dès le XIe siècle. Deux cents ans plus tard, Mohéli est aux mains des sultans perses, qui y imposent l'Islam et la culture arabe. Ces sultans s'installent à Fomboni, l'actuelle capitale de l'île, et se placent sous la suzeraineté de Zanzibar. Ils s'approprient les terres et les ressources du territoire, forçant les autochtones à travailler pour eux.

Au gré des alliances et des luttes de pouvoir et de territoire, Mohéli tombe en 1830 sous la domination du sultanat d'Anjouan, Île voisine, pour peu de temps : Ramanetaka, de la famille des dirigeants de Madagascar, entend bien semer le trouble dans l'archipel des Comores. Parti avec une troupe de migrants malgaches, il se rend maître de Mohéli en 1832 et se convertit à l'Islam.

Le sultan d'Anjouan, Abdallah, riposte en assiégeant Mohéli avec l'aide du sultan de Mayotte, Boina Kombo. Ramanetaka assassine les deux dirigeants et sa soif de domination est attisée par la France, qui peu à peu s'immisce dans cette zone de l'Océan Indien en vue d'y dominer.

La France a pris possession de l'Île de Mayotte en 1841, puis de Madagascar en 1885. L'année suivante, elle impose son protectorat sur Mohéli. L'île est ensuite rattachée à Mayotte, en tant que dépendance, en 1897. En 1899 et 1902, des révoltes éclatent à Mohéli : les autochtones réclament leur indépendance. Ces mouvements insurrectionnels sont matés dans le sang et la France conserve la main sur l'Île.

Les premières émissions de timbres-poste spécifiques à Mohéli apparaissent en 1906 et 1907. ll s'agit d'une série de seize valeurs au type « Groupe » contenant le nom de l'île dans le cartouche inférieur, en bleu ou en rouge suivant les faciales. En 1912, six valeurs de la série sont reprises avec une nouvelle faciale à 5 ou l0 centimes en surcharge, procédé qui permet d'écouler les stocks restants.

En effet, depuis 1911, Mohéli est dotée des mêmes timbres que Madagascar, île à laquelle elle est administrativement rattachée en 1914. Après la Seconde Cuerre mondiale, Mohéli obtient le statut de territoire d'Outre-mer puis devient autonome en 1961.

Après 1950, Mohéli cesse d'utiliser les timbres malgaches au profit de ceux de l'archipel des Comores.

Un référendum, organisé en 1974, penche en faveur de l'indépendance. Ainsi, l'année suivante, Mohéli entre dans l'État comorien, qui deviendra la République fédérale des Comores en 1977. l'usage des timbres de la colonie des Comores cesse au profit de ceux du nouvel État proclamé.

En août 1997, alors qu'Anjouan vient de proclamer son indépendance, Mohéli suit le mouvement et proclame la sienne. L'île réclame la protection du gouvernement français, qui ne donne pas suite. Le mouvement échoue mais aboutit toutefois sur les accords de Fomboni de 2001, qui permettent une réunification des territoires sous le nom d'Union des Comores, ce qui confère une plus grande autonomie aux îles. ■