Les anciens états italiens

Lombardie-Vénétie

Le royaume de Lombardie-Vénétie est un état formé de deux provinces situées dans le Nord-Est de l'Italie actuelle. La ville principale de Lombardie est Milan, Venise donnant son nom à la Vénétie.

Pour trouver la genèse de ce royaume, il faut remonter aux campagnes napoléoniennes. ll conquiert la Lombardie en 1797, qui devient la République Cisalpine. Quelques années plus tard, en 1805, la Lombardie, la Vénétie et d'autres provinces forment le Royaume d'ltalie, et Napoléon se fait couronner roi. L'administration du royaume est confiée à Eugène de Beauharnais, son beau-fils. Mais l'Autriche n'entend pas accepter la mainmise de l'empereur sur les terres italiennes. Le pays profite des échecs de Napoléon lors de la campagne de Russie pour lancer l'offensive sur le Royaume d'ltalie, le 20 août 1813. Les forces menées par Beauharnais résistent mais finissent par plier: l'empereur abdique à Paris et les insurrections contre Ia présence française s'intensifient en Italie. Le 23 avril 1814, Beauharnais capitule. Les deux provinces tombent ainsi sous l'égide autrichienne lors du congrès de Vienne, dont le but est de réorganiser l'Europe, fortement ébranlée par les différentes campagnes militaires menées par Napoléon.

Lors du congrès de Vienne, la solution choisie est de créer un Royaume indépendant pour Ia Lombardie et la Vénétie, réunies sous la même bannière, mais chacune avec son gouvernement propre. Toutefois, cette indépendance n'est qu'une façade car, dans les faits, l'administration financière est totalement soumise à l'autorité du gouvernement autrichien. Par ailleurs, Vienne nomme des Autrichiens à la tête des institutions.

Et voilà les ltaliens presque nostalgiques de la domination française qui, au moins, leur garantissait une autonomie de gestion. En mars 1848, la population s'allie à la Sardaigne et se soulève contre les Autrichiens, chassés des provinces, où s'autoproclame un gouvernement provisoire de Lombardie à Milan, et la République de Saint-Marc à Venise. Mais l'Autriche riposte et reprend la main sur la Lombardie au mois d'août de la même année. Le gouvernement provisoire est dissous. En août 1849, quelques mois après la capitulation sarde, Venise est rendue aux Autrichiens.

En 1850 sortent les premiers timbres dédiés au Royaume. lls sont identiques à l'émission autrichienne de l'époque, représentant le blason de l'empire en différentes couleurs, à la différence de la monnaie : la faciale est exprimée en centesimi et non en kreuzer. Par ailleurs, les timbres sont imprimés sur différents types de papier.

Lorsque l'Autriche marche sur le Piémont, en 1859, alors possession sarde, Napoléon III soutient la Sardaigne et, après la bataille de Solferino, l'Autriche cède la Lombardie à la France, qui la cède elle-même à la Sardaigne en échange de Nice et de la Savoie. Dès lors, la Lombardie utilise les timbres sardes.

Elle entrera dans le Royaume d'Italie en 1862, et en utilisera alors les timbres. La Vénétie, quant à elle, reste autrichienne jusqu'à la défaite de Sadowa, contre les Sardes alliés à la Prusse cette fois. La province est alors incorporée au Royaume d'Italie en 1866. À cette date, elle cesse d'utiliser ses émissions propres au profit des émissions italiennes. ■

Duché de Parme

Niché dans la plaine du Pô au cœur de l'Italie, ce petit duché de 5oo ooo km² n'a existé que pendant un peu plus de trois siècles, de 1545 à 1860. C'est le pape Paul lll qui y installe la famille Farnèse pour le gouverner.

En 1731, lorsque les Farnèse disparaissent, ce sont les Bourbon d'Espagne qui les remplacent. En raison de sa situation géographique, le duché ne peut faire face aux guerres de succession et autre conflits européens. Les Français l'occupent en 1796. En 1808, sous le ler Empire, Parme devient un département qui porte le nom de Taro et le numéro 111 (de belles et rares marques postales témoignent de cette période).

En 1815, le Congrès de Vienne rétablit le duché et l'octroie à la 2e épouse de Napoléon Ier, Marie-Louise, l'ex-impératrice de France et archiduchesse d'Autriche. Bien évidemment cette dernière contribue à rapprocher le duché de son pays natal, l'Autriche. À son décès en décembre 1847, le duché qui compte alors un peu moins de 500 000 habitants, est rendu à la Maison des Bourbon-Parme. Le nouveau souverain prend le nom de Charles II. Deux ans après, il abdique en faveur de son fils Charles III. Ce dernier est assassiné en mars 1854. C'est son fils Robert qui règne sous la régence de sa mère, Louise-Marie Thérèse d'Artois et qui doit faire face au mouvement révolutionnaire qui enflamme toute l'Italie, le Risorgimento. La duchesse quitte Parme le 1er mai 1859 mais y revient quelques jours après avoir nommé un Commissaire du gouvernement.

En juin, elle est déposée et le comte Pallieri dirige le gouvernement du duché au nom du roi Victor-Emmanuel II. Le 11 mars 1860, un plébiscite est organisé pour l'annexion de Parme au royaume de Sardaigne. Le décret d'annexion sera signé le 18 mars.

Les premiers timbres de Parme apparaissent en janvier 1852 : ils sont illustrés des symboles des Bourbon-Parme, le lys surmonté d'une couronne ducale. Imprimés localement en typographie, ils sont très vite remplacés par une nouvelle série de même type.

Lorsque l'Autriche marche sur le Piémont, en 1859, alors possession sarde, Napoléon III soutient la Sardaigne et, après la bataille de Solferino, l'Autriche cède la Lombardie à la France, qui la cède elle-même à la Sardaigne en échange de Nice et de la Savoie. Dès lors, la Lombardie utilise les timbres sardes.

Elle entrera dans le Royaume d'ltalie en 1862, et en utilisera alors les timbres. La Vénétie, quant à elle, reste autrichienne jusqu'à la défaite de Sadowa, contre les Sardes alliés à la Prusse cette fois. La province est alors incorporée au Royaume d'Italie en 1866. À cette date, elle cesse d'utiliser ses émissions propres au profit des émissions italiennes. ■

Romagne

Influencée par les Lombards depuis VIe siècle le duché de Romagne est dirigé par l'État pontifical depuis la moitié du XVIe. Napoléon vient l'occuper à partir de 1796 et l'intègre dans la « République Cispadane » l'année suivante.

En 1815, le Congrès de Vienne rétablit le statut quo. En 1816, le pape Pie VII partagea le territoire en légations et, pour avoir la paix, inclut des communes de Romagne qui étaient en litige avec la Toscane. Mais cela n'empêche pas d'y déceler une certaine révolte vis-à-vis du gouvernement établi. Les associations secrètes prolifèrent en Romagne et vont profiter au « risorgimento».

Les troupes autrichiennes quittent la Romagne le 12 juin 1859. Les 6 727km² que forment les Légations de Bologne, Ferrare, Forli et Ravenne passent sous l'administration du roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne. Une Commission provisoire est constituée à Bologne le même jour. Le gouvernement est confié au Commissaire général Massimo dAzeglio qui déclarera l'annexion pure et simple de la Romagne à Victor-Emmanuel l'année suivante (12 mars 1860). Dans l'intervalle, l'union avec les provinces de Modène, Parme et Piacenza sera décrétée le 30 novembre.

Ce qui est intéressant pour les philatélistes, c'est l'utilisation de deux sortes de timbres : d'abord ceux des États Pontificaux qui sont en usage en Romagne avant la proclamation et ceux du Gouvernement provisoire émis au mois de septembre. Les collectionneurs italiens distinguent trois périodes bien distinctes :

● Du 12 juin au 3l août 1859 : utilisation de timbres pontificaux (les coupés sont acceptés).

● Du 1er septembre au 3l octobre 1869 : utilisation des timbres du gouvernement provisoire. La monnaie est le Bajocco (États pontificaux). Les tarifs postaux sont ceux du Piémont (à partir du l0/10).

● Du 1er novembre 1859 au 3l janvier 1860 : introduction de la Lire (monnaie piémontaise).

L'unique série de 9 timbres réalisée par le Gouvernement provisoire a été émise en feuilles de 12O (deux groupes de 60). Réalisés dans l'urgence, les timbres n'ont pas de dessin. ll existe des essais et des réimpressions. ll convient donc d'être extrêmement prudent lors de l'acquisition de ces timbres. ■

Sardaigne

Créé en 1297 par le Pape Boniface VIII pour résoudre un conflit entre les maisons d'Anjou et d'Aragon, le petit royaume appartient véritablement à cette dernière en 1479 après que la mention de la Corse (Corsicae) soit retirée de l'intitulé officiel. Au XVIe siècle, la maison d'Aragon étant espagnole, le royaume appartient de fait à la monarchie ibérique.

À la suite de la Guerre de succession d'Espagne, le Petit royaume passe sous la tutelle de Habsbourg qui l'échange contre la Sicile en 1718. La Paix de La Haye confirme cela et les Ducs de Savoie prennent le titre de Rois de Sardaigne.

La Révolution française de 1789 passe par là et le petit royaume devient un département « conquis », le 84e du nom et porte le nom de « département du Mont-Blanc ». En 1793, c'est au tour du Comté de Nice qui devient le 35e département français avec le nom d'« Alpes maritimes ». Dix jours plus tard, le l4 février, la principauté de Monaco est également rattachée au dit département.

Une tentative française d'invasion de l'île de Sardaigne échoue la même année.

En 1798, une république piémontaise nait à Turin : elle est reconnue par les Français qui ont battu Ie roi Victor-Amédée III deux ans plus tôt. L'année suivante, les troupes austro-russes chassent les Français et installent le roi Charles-Emmanuel IV mais un an après les Français reviennent et créent la République Subalpine. En 1802, le Piémont se retrouve annexé à la France.

En 1814,le royaume est rétabli dans ses droits mais des conflits familiaux émaillent l'histoire de ce petit état tampon redevenu indépendant pour annihiler les ambitions françaises. En conflit avec l'Autriche, le royaume s'allie avec l'empereur Napoléon III pour la vaincre.

Délaissant Turin pour Florence, Victor-Emmanuel II s'installe à Florence et surveille attentivement les différents mouvements de révolte qui surviennent dans tous les anciens états italiens : le Risorgimento. Le 17 mai 1861, le royaume de Sardaigne prend le nom de royaume d'Italie. La Vénétie (encore autrichienne) et les États pontificaux (sous occupation française) rejoindront le grand royaume en 1866 et 1870.

Le profil (peu réussi) de Victor-Emmanuel II apparait sur les timbres en 1851. C'est la naissance d'une collection particulièrement populaire en Italie. ■