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La Canée

La Canée est l'une des plus grandes villes de l'île de Crète, la deuxième après Héraklion, située au Nord-Ouest de I'île, sur la mer de Crète. Orthographiée ainsi, La Canée témoigne de son ancienne appartenance à l'Italie : en grec, la ville s'écrit Chanéa.

Cité-État durant l'Antiquité, La Canée tombe sous le contrôle des armées musulmanes au IXe siècle, puis des Byzantins au siècle suivant, non sans mal. Ces derniers s'emploient à fortifier La Canée afin d'éviter qu'elle ne retombe dans le giron musulman.

Lorsque Ies Croisades mettent un terme à l'Empire byzantin, La Canée est cédée contre paiement par le Comte de Flandres aux Vénitiens, qui en font, au tout début du XIIIe siècle, le centre administratif de l'île de Crète. Au-delà de la gestion de l'île, les Vénitiens y exploitent divers produits, notamment issus de l'agriculture, la région étant très fertile. Les échanges commerciaux avec l'Italie s'intensifient au fil du temps. Cela attire la piraterie et, pour lutter contre ce fléau, les Vénitiens construisent des fortifications autour de La Canée, lui donnant un aspect que la ville conserve encore aujourd'hui.

Toutefois, si les fortifications permettent de lutter contre les pirates, elles n'auront aucune efficacité face à l'assaut turc mené en 1645. Après deux mois de siège et une lutte extrêmement sanglante, la ville tombe aux mains d'Istanbul. l"île est alors peu à peu convertie à I'lslam. Toutefois, la présence ottomane dérange les autochtones et la volonté d'indépendance, qui croît de plus en plus sur la Crèce continentale, se fait sentir en Crète. Le premier soulèvement a lieu aux abords de La Canée en 1821, et les Turcs essuient plusieurs revers face aux autochtones et en appellent à l'Égypte afin d'être aidés pour mater les insurrections crétoises, secondées quant à elles par des troupes venues de Grèce. Les Égyptiens l'emportent face à la désorganisation des insurgés mais Ie traité de Londres de 1840 finit par rendre l'île aux Ottomans.

En 1866, la Crète se soulève très violemment. l'île reste au Sultan mais devient une province privilégiée. Toutefois, les tensions entre Turcs et autochtones demeurent importantes.

En 1896. des habitants de La Canée sont massacrés par les Turcs et d'autres forfaits analogues sont perpétrés dans les années qui suivent. Ces exactions déclenchent le courroux de la Grèce, qui occupe et annexe l'île en 1897. l'Empire ottoman en appelle alors aux grandes puissances européennes, qui occupent militairement la zone et refusent l'autorité grecque, proposant un statut autonome pour la Crète.

La France, la Russie, l'Autriche et l'Italie conservent leurs garnisons sur place afin de rétablir l'ordre. Mis à part la Russie, ces nations ouvrent un bureau de Poste à La Canée. Mais seule l'Italie y envoie des timbres spécifiques. Plus précisément, il s'agit de timbres italiens recevant une surcharge. Le premier, émis en 1900, reçoit une nouvelle valeur faciale d'une piastre. ll s'agit du 25c bleu représentant le portrait d'Humber 1er. Les dix-huit timbres suivants comportent la mention « La Canea » en surcharge et sont issus des séries courantes italiennes du début de siècle.

La Crète profite des désordres turcs et rejoint la Grèce en l908 dans le cadre de l'énosis, et La Canée en demeure la capitale. Toutefois, le rattachement au continent n'est officialisé qu'en 1915. ■