Le Nedjed est un immense plateau désertique situé au centre de la peninsule arabique, en altitude. Aujourd'hui partie intégrante de l'Arabie Saoudite, le Nedjed est situé à l'est du Hedjaz, cette bande de terre sur les bords de la mer Rouge qui abrite les célèbres villes de Médine et La Mecque. Lorsque le premier État saoudien est constitué, au XVIIIe siècle, sous l'égide de Mohammed Ibn Saoud, le plateau du Nedjed est l'un des berceaux du Wahhabisme. ll s'agit d'un mouvement religieux appartenant à l'Islam sunnite, qui impose son orthodoxie aux dépens des mouvements chiites.
Le Royaume de Saoud, en place depuis 1744, est rapidement mis à mal par les intentions de l'Egypte et, surtout, de l'Empire Ottoman, qui veulent prendre le contrôle de la péninsule arabique. Le conflit tourne à l'avantage des Turcs, qui y installent leur pouvoir en 1818.
La domination ottomane dure un peu moins d'un siècle, et le plateau du Nedjed reste un bastion qui échappe à leur contrôle complet notamment du fait de l'altitude et de l'hostilité du désert. C'est là que s'organise la riposte des descendants de Saoud, bien décidés à rétablir leur pouvoir aux dépens des Turcs. Ils sont emmenés par Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, qui reprend du terrain sur les Ottomans à partir de 1899. ll s'empare de la ville de Riyad dans la nuit du 15 au 16 janvier 1902, puis accroît peu à peu son terrain avec l'appui des Bédouins, installés dans les colonies conquises.
Le pouvoir d'Abdelaziz ben Abdenahmane Al Saoud, qui s'impose de plus en plus sur le territoire arabique, est reconnu par les Ottomans en 1914, lorsqu'ils le nomment wali du Nedjed, c'est-à-dire Gouverneur.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le wali se rapproche des Britanniques, avec lesquels il conclut un traité de protection en 1915.
Au sortir du conflit, l'Empire ottoman est défait et les États naissants dans le monde arabe ne sont pas encore stables. Abdelaziz profite de ce contexte pour s'emparer, par la force, de la province du Hedjaz entre 1924 et 1925. ll annexe ainsi le Hedjaz au Nedjed, offrant au plateau une ouverture sur la mer Rouge ainsi que d'importantes cités.
Une fois cette annexion réalisée, les timbres du Hedjaz qui avaient cours dans cette province depuis 1916, cessent au profit des émissions spécifiques au sultanat du Nedjed. Jusqu'alors, celui-ci utilisait encore des timbres turcs. Les premières émissions spécifiques sont d'ailleurs des timbres venus de Turquie, surchargés pour être propres au sultanat. ll s'agit d'une série de quatre valeurs avec deux mentions en caractères arabe commémorant le souvenir du premier pèlerinage sacré à la Mecque sous le sultanat de Nedjed en l'an 1345 (soit 1925 selon notre calendrier). La nouvelle valeur faciale entre quant à elle dans deux cadres disposés vefticalement. À ces quatre timbres s'ajoute une cinquième vignette, elle aussi surchargée des mêmes mentions. Le support est un timbre du chemin de fer du Hedjaz.
Durant toute l'année 1925, le sultanat utilise des stocks de timbres déjà imprimés et y ajoute des surcharges. Les premières impressions dédiées au sultanat sortent en 1926.
Le 22 septembre 1932,1es deux provinces, Hedjaz et Nedjed, fusionnent. Cela donne naissance à l'Arabie Saoudite. Les timbres du Nedjed continuent toutefois d'être utilisés durant deux années encore puisque les premières émissions propres à l'unification saoudienne ne verront le jour qu'en 1934. ■