Anciens États malais

Lubuan

Labuan est un territoire fédéral rattaché à la Malaisie. Plus précisément, il s'agit d'un archipel, dont l'île principale, qui a la plus grande superficie, porte le nom de Labuan, ce qui signifie havre de paix, et l'archipel est situé au large des côtes du Nord de l'île de Bornéo, non loin des rivages du sultanat de Brunei

.

Jusqu'en 1840, Labuan faisait partie intégrante de Brunei. Mais à cette époque, les Britanniques s'installent dans la zone, en particulier à Singapour et à Hong Kong. Labuan est pour eux une base stratégique, au large de ces deux possessions. Les Anglais y installent d'abord une garnison militaire de la marine, afin de lutter contre la piraterie qui s'attaque à leurs échanges commerciaux partis de Singapour ou de Hong Kong. Labuan est aussi un point d'étape pour la liaison par câble entre les deux cités-états sous contrôle britannique.

En 1846, l'île est cédée par le Sultan de Brunei à la Grande-Bretagne et Labuan devient colonie de la couronne deux ans plus tard. Dans un premier temps, Labuan est administrée par Bornéo du Nord, sous protectorat britannique.

Timbres de la première série

En 1879 apparaissent les premiers timbres spécifiques à Labuan. Il s'agit d'une série de quatre valeurs représentant le profil gauche de la reine Victoria, libellés « Labuan Postage ». Les timbres sont dentelés et imprimés sur du papier couché. Ce même type va servir à Labuan jusqu'en 1895, en six émissions différentes, auxquelles il faut ajouter cinq séries surchargées de nouvelles valeurs faciales. Un timbre au même motif, à la même faciale et à la même teinte peut se trouver plusieurs fois, et l'on ne les différencie qu'à l'observation de leur filigrane.

En 1894, le profil de Victoria est abandonné au profit des timbres utilisés à Bornéo du Nord. Ceux-ci reçoivent une surcharge « Labuan » afin de marquer leur utilisation sur l'archipel. Plus précisément, les timbres reçoivent plusieurs vagues de surcharges différentes, parfois associées à une nouvelle valeur faciale, apposée de façon globale ou locale. En 1902, entre deux émissions venues de Bornéo, sort une ultime série propre à Labuan, représentant la couronne britannique.

L'utilisation des timbres spécifiques à Labuan cesse définitivement en 1906. C'est l'année durant laquelle l'administration rejoint les établissements des détroits : le 30 octobre, Labuan est officiellement géré par Singapour. Dès lors, Labuan utilise les timbres de ces établissements, libellés « Malacca ». Durant la Seconde Guerre mondiale, Labuan est occupée et administrée par le Japon. C'est l'armée australienne qui libère le territoire, lors de la bataille de Labuan en juin 1945. à l'issue du conflit, l'armée britannique en reprend la gestion puis Labuan est rattaché à Bornéo du Nord et en utilise les timbres. Le territoire devient le Sabah en 1963 et rejoint la fédération de Malaysia.

En 1984, Labuan est détachée du Sabah pour devenir un territoire fédéral. l'opération est destinée à y développer les activités économiques, ce que favorise Ia zone franche qui y est créée en 1990. Par ailleurs, l'archipel attire des touristes, et notamment les passionnés de plongée sous-marine, conquis par la beauté des fonds de la zone. ■

Kedah

Kedah est un des états de la Malaisie actuelle, situé dans la partie septentrionale du pays, juste au sud du petit état de Perlis. Kedah partage une bonne partie de ses frontières avec la province du Songkhla, en Thaïlande, et s'ouvre au Sud sur le détroit de Malacca, au large des côtes de l'île de Sumatra en Indonésie. Par ailleurs, l'île de Langkawi, au Nord-Ouest des côtes de Kedah, est rattachée à cet état.

Les légendes malaises racontent que Kedah aurait été fondé par un prince hindouiste durant l'Antiquité. à l'observation des différents vestiges retrouvés sur le sol de l'état, on sait avec certitude que la culture hindoue et la culture bouddhiste ont fortement marqué le territoire de leur empreinte, dès les premiers siècles de notre ère.

à l'instar de l'ensemble de la Malaisie, Kedah va faire l'objet des convoitises de la province d'Aceh, sur l'île indonésienne de Sumatra. Cette province, désireuse de prendre le contrôle de tout le commerce de la zone, aux dépens des Européens qui tentent de s'y implanter, met la main sur Kedah en 1620. sous le commandement du sultan lskandar Muda.

Parallèlement, le royaume siamois d'Ayutthaya, suzerain du royaume de Patani, au Nord de Kedah, souhaite s'étendre au Sud. Patani et Kedah s'allient et résistent, de 1646 à 1649, contre l'assaut siamois. Au XVIIIe siècle, Patani et Kedah finissent par tomber dans le giron de Siam.

Durant cette période, l'Emprise britannique est de plus en plus forte dans la région. La compagnie des Indes orientales est à son apogée, et les échanges commerciaux se font de plus en plus intenses dans la zone, surtout depuis la fondation de Singapour en l8l9.

En 1826, les Britanniques signent 1er traité de Burney, visant à séparer leur influence de celle de Siam sur la zone malaise. Kedah, au même titre que les autres états du Nord de la Malaisie, est officiellement cédé à Siam, qui octroie en contrepartie aux Anglais le monopole du commerce dans le Kelantan et le Terengganu, deux états de la côte est de la Malaisie.

Jusqu'en 1909, l'état de Kedah utilise les mêmes timbres que Siam. Cette pratique s'arrête cette année-là du fait de la signature, à Bangkok, du traité anglo-siamois, qui fait sortir quatre états malais. dont Kedah, du giron siamois pour les faire entrer sous domination britannique.

Kedah fait alors partie des états malais non fédérés. Les timbres des détroits de Malacca et de Singapour sont provisoirement utilisés jusqu'en 1912 à Kedah, date à laquelle sort la première série propre à l'état.

Timbres de la première série

ll s'agit d'un ensemble de quatorze timbres, représentant une gerbe de riz, un laboureur ou encore la chambre du conseil de Kedah. Ces mêmes motifs vont servir à imprimer tous les timbres de l'état jusqu'en 1937, soit un peu plus de cinquante vignettes.

Durant la Seconde Guerre mondiale, sur le front asiatique, la Malaisie est envahie par les Japonais, qui rendent Kedah au Siam. Les timbres d'occupation japonaise sont brièvement utilisés en 1942 : quinze timbres de Kedah sont surchargés « Dai Nippon 26O2 ». Puis, de 1943 à 1945, Kedah renoue avec l'usage des timbres siamois, ccmme avant 1909. à la fin du conflit, en 1945, la Crande-Bretagne reprend la gestion de Kedah, et les timbres de l'administration militaire britannique à Malacca, avec Ia surcharge « Bma Malacca », y ont cours jusqu'en 1948. À cette date, Kedah redevient protectorat britannique à part entière et réémet ses propres timbres.

En 1957, les timbres témoignent de l'entrée de Kedah dans la fédération de Malaisie en arborant la mention « Malaya » sur les séries. Kedah entre enfin dans la fédération de Malaysia en 1963. Les timbres cohabitent alors avec quelques émissions locales émises de façon sporadique au fil des années, portant la double mention « Kedah » et « Malaysia ». ■

Johor

Johor est un état du sud de la Malaisie actuelle, juste au nord de la cité-état de Singapour, à laquelle Johor est reliée par un viaduc, et au large des côtes de l'île indonésienne de Sumatra.

L'histoire de Johor, avant d'être liée à la Grande-Bretagne, est à associer au Portugal. En 1511, une expédition GE/ge-bt00tant pavillon portugais part de Goa, ville d'Inde déjà sous contrôle portugais, vers Malacca, en Malaisie. Sept ans plus tard, les Portugais s'emparent de Johor, non sans mal. En effet, le sultanat cherche à reconquérir les possessions malaisiennes, mais il se heurte aux répressions portugaises. En 1536, le sultan capitule et traite avec les Européens.

Non loin de Johor se trouve la province d'Aceh, sur l'île de Sumatra. Celle-ci tente de monopoliser les échanges commerciaux, dans un premier temps. aux dépens des Portugais, puis se lance dans la conquête pure et simple des territoires du Sud de la Malaisie. L'offensive est lancée par Iskandar, Sultan d'Aceh, sur Johor en 1612. Malgré une coalition de Johor avec d'autres sultanats, la ville est soumise et pillée par les Indonésiens. Entre-temps, les Britanniques commencent à lorgner sur cette partie du globe : ils sont attirés par les épices et cherchent un accès commercial direct sur la zone. C'est la raison principale de la création de la Compagnie des Indes, en 1600. Mais la Hollande cherche elle aussi à s'implanter dans la région : à partir de 1641, les Hollandais passent des accords avec des villes de Johor. Les Britanniques n'abandonnent pas la partie et s'implantent de plus en plus dans la zone. Johor devient protectorat après le traité anglo-hollandais de 1814.

Singapour est fondé en 1819, au gré d'une négociation avec Johor. Le traité de Londres, signé en 1824 par les Hollandais et les Anglais, met un terme au conflit colonial déchirant les deux pays. Johor passe définitivement aux mains des Anglais.

Bien que ne faisant pas partie des établissements des détroits, protectorat britannique sur Malacca et Singapour, ce sont pourtant les timbres anglais de Malacca qui vont être utilisés à Johor à partir de 1876, après l'apposition d'une surcharge spécifique.

Le tout premier timbre de Johor est le 2 cents brun clair de 1868, représentant le profil de la reine Victoria. Il reçoit une surcharge dessinant un croissant de lune et une étoile sur le timbre.

En 1884, c'est le 2 cents rose, émis à Malacca deux ans plus tôt et affichant exactement le même motif que le premier timbre, qui est repris à Johor avec une surcharge affichant cette fois clairement le nom du protectorat. On recense non moins de neuf surcharges différentes, à la rareté variable.

Cinq ans plus tard, c'est le 24 cents de 1882 qui est doublement surchargé : à la mention « Johor », de forme unique cette fois, s'ajoute une nouvelle valeur faciale, « Two cents », sous quatre formes différentes. Ce n'est qu'en 1892 qu'apparaît la première série spécifiquement imprimée pour Johor. Il s'agit de sept valeurs à l'effigie du sultan Aboubakar.

Occupé durant la Seconde Guerre mondiale par le Japon, Johor utilise provisoirement les timbres d'occupation japonaise, de 1943 à 1945 puis, durant trois ans, les timbres de l'administration militaire britannique à Malacca, avec la surcharge « Bma Malacca ». En 1948, Les émissions spécifiques à Johor reprennent jusqu'en 1952 date à laquelle la fédération de Malaisie, puis de Malaysia dès 1963, y impose ses propres timbres, comme dans l'ensemble du territoire de Malaisie. Toutefois, certaines émissions locales de Johor cohabitent avec les timbres de Malaisie entre 1960 et 1986.

Kelantan

Le Kelantan est un état de la Malaisie actuelle situé à l'extrême Nord-Est du pays, à la frontière thaîlandaise, plus précisément à côté de la province de Narathiwat. Kelantan possède, à l'Est une façade maritime, ouverte sur Ia mer de Chine, tout au Sud du Golfe de Thailande. Historiquement, cette partie de la Malaisie est certainement celle qui a abrité le berceau de la population malaise, accueillant les tout premiers habitants de la région.

Jusqu'au XVIIIe siècle, Kelantan est un sultanat totalement indépendant, avant de tomber sous la domination de l'état malais voisin, Terengganu. Ce petit état situé au Sud de Kelantan, exerce une domination humaine et administrative très vite mal perçue par la population locale. C'est ce qui amène les autochtones à se révolter contre leur suzerain forcé, afin de s'en affranchir. Dans cette lutte, Kelantan peut compter sur l'aide de Siam, sur les terres de la Thaïlande actuelle, qui souhaite bien étendre sa domination vers le Sud. L'état malais se libère ainsi du joug imposé par Terengganu, mais tombe sous administration siamoise.

Toutefois, entre-temps, les Britanniques marquent de plus en plus la Malaisie de leur empreinte, essentiellement au niveau économique. En effet, les échanges commerciaux avec l'Europe s'intensifient, essentiellement grâce à Ia puissance de la Compagnie des Indes Orientales. Déjà en 1826, le traité de Burney accordait aux Anglais le monopole du commerce dans les états de Kelantan et de Trangganu, en échange des états malais du Nord du pays, cédés à Siam. L'influence de Siam à Kelantan cède face à la puissance britannique et Ia couronne fait de l'état un protectorat en 1909 lors du traité de Bangkok.

Jusqu'à cette date, Kelantan utilisait les timbres de Siam. Ensuite, durant deux ans, ce sont les timbres des détroits de Malacca et de Singapour qui y sont utilisés, dans l'attente d'émissions propres. La première série spécifique à Kelantan arrive en 1911.

Il s'agit de treize valeurs courantes, émises en diverses teintes, sur un papier filigrané. Ce même motif est repris en 1921 pour un nouveau tirage, essentiellement pour les faciales basses, les plus utilisées sur le courrier. Le filigrane conserve les mêmes lettres « CA » mais les caractères sont différents. Diverses valeurs de ces deux séries sont surchargées en 1922 à l'occasion de l'Exposition malaise de Singapour. L'utilisation de ces timbres est, à partir de 1928, abandonnée au profit de vignettes à l'effigie du sultan Ismaïl !.

Le Japon fait de Kelantan, durant la Seconde Guerre mondiale, son point de débarquement dans sa conquête des terres malaises. Les Japonais rendent l'administration de Kelantan au Siam.

Les timbres siamois sont alors de nouveau employés dans l'état, jusqu'à ce que les Britanniques reprennent la main en 1945 et y utilisent les timbres de l'administration militaire à Malacca, avec la surcharge « Bma Malaya ». Les émissions spécifiques reprennent à Kelantan dès 1948.

Cet usage perdure jusqu'en 1957 date à laquelle Kelantan entre dans la fédération de Malaisie. À partir de cette date, les émissions propres à l'état cohabitent avec celle de Ia fédération. La même cohabitation a lieu à partir de 1963 lorsqu'est proclamée la fédération de Mblaysia. Toutefois, les émissions locales se raréfient, surtout après 1986. ■

Malacca

Le nom de Malacca désigne une ville, d'abord cité état, qui donne ensuite son nom à un état tout entier du Sud-Ouest de la Malaisie, dont il fait aujourd'hui partie, aux frontières des états de Johor et de Negeri Sembilan. Malacca désigne aussi le détroit qui sépare la péninsule malaise de l'île de Sumatra en lndonésie.

L'essor de Malacca commence à la fin du XIVe lorsque la ville est fondée sur la côte. Le port, le plus ancien de la Malaisie actuelle, connait un emplacement idéal à mi-chemin entre la Chine et l'lnde, ce qui va en faire rapidement le port le plus important de la région. D'autant plus que son fondateur, Parameswara, s'est converti à l'lslam, ce qui permet plus facilement des alliances avec les marchands arabes.

Au XVe siècle, la zone est prise par les explorateurs venus du Portugal. Mais inaptes à commercer avec les marchands arabes les Portugais provoquent le déclin du port de Malacca. De plus, la cité se retrouve au cœur du conflit, aux XVe et XVIIe siècles, entre le royaume d'Aceh, en Indonésie actuelle, et Johor, en Malaisie, pour prendre le contrôle du détroit. En 1641, les Hollandais de la Compagnie des Indes orientales s'emparent de la ville. Quelques années plus tard, cette même compagnie ouvre un comptoir sur l'île de Sumatra, ce qui leur permet de dominer le commerce dans tout le détroit.

En 1795, Guillaume V d'Orange-Nassau se réfugie en Angleterre après l'invasion des Pays-Bas par la France. Craignant que les troupes françaises ne prennent la main sur Malacca, il décide de céder la zone aux Britanniques. En 1824, le traité de Londres entérine l'opération.

À partir de 1826, Malacca entre dans la colonie des établissements des détroits, ou Straits Settlements, avec Singapour et l'état malais de Penang. La colonie de la couronne s'agrandit avec les îles Christmas en 1900, les î les Cocos en 1903 et l'île de Labuan en 1906.

Les premières émissions arrivent dans les établissements des détroits en 1867. ll s'agit d'une série d'Inde anglaise, à l'effigie de Victoria, surchargée d'une couronne et d'une nouvelle valeur en bas du timbre.

La même année, la colonie reçoit une série dédiée, toujours avec le profil de la reine Victoria, et le libellé « Straits Settlements ».

Cette mention sera accompagnée de « Malaya », sur les timbres à partir de 1937.

L'usage de ces timbres dure jusqu'en 1941. Durant la Seconde Guerre mondiale, le territoire est occupé par les Japonais. Des émissions d'occupation ont alors cours : il s'agit des timbres de Malacca surchargés en japonais. à la fin de la guerre, le Japon émet des timbres spécifiques pour cette occupation. Leur usage cesse en 1945, lorsque le Japon est défait et que l'administration militaire britannique reprend les rênes de l'acheminement du courrier. L'émission de Malacca de 1937 est alors reprise avec la surcharge « BMA Malaya ».

Après la guerre, en 1946, les établissements des détroits sont dissous. L'état de Malacca demeure colonie britannique toutefois.

Désormais, les timbres portent les légendes « Malaya » et « Malacca ». L'usage dure jusqu'en 1957 : le 3l août est déclarée l'indépendance de la 2e fédération de Malaisie, et Malacca y entre, utilisant désormais les timbres de Malaisie. Quelques émissions locales seront émises, même après le passage en 1963 à la fédération de Grande-Malaisie. à partir de 1965, Les émissions prennent le nom de Maleka. Ces émissions locales cessent en 1986 au profit des seuls et uniques timbres malais.. ■

Negri Sembilan

Negri Sembilan, que l'on orthographie aussi Negeri Sembilan est un sultanat de la fédération de Malaysia, situé sur le détroit de Malacca. Le sultanat partage ses frontières avec celles des sultanats de Selangor et de Pahang ainsi que de l'état de Malacca. L'histoire du Negri Sembilan commence au XVe siècle, lorsque le sultanat est fondé par des Minangkabau venus d'Indonésie. À l'époque, le territoire malais est morcelé en divers petits États.

Cette région du globe attire les grandes puissances européennes, qui souhaitent exploiter la zone pour réaliser des échanges commerciaux avec le Vieux Continent. Les Portugais s'installent les premiers sur le territoire malais. Ils sont chassés par les Hollandais, eux-mêmes délogés par les Britanniques au XIXe siècle, bien décidés à faire main basse sur l'Asie du Sud-Est.

En 1891, Negri Sembilan tombe sous protectorat britannique. Cette année-là apparaissent les premiers timbres spécifiques au sultanat. Il s'agit d'abord d'un timbre de Malacca à l'effigie de la reine Victoria surchargé du nom du sultanat, rapidement remplacé par une série d'usage courant représentant un tigre, libellée « N. Sembilan » dès l'impression cette fois dans le cartouche supérieur.

En 1895, le petit État de Sungei Ujong à l'ouest de Negri Sembilan, qui constitue aujourd'hui la ville de Seremban, est annexé au sultanat et en adopte aussi les timbres.

En 1896, le Royaume-Uni pousse à la création de la première fédération malaise en réunissant quatre États dont Negri Sembilan, auquel s'ajoutent Selangor, Perak et Pahang. Ces entités gardent leurs timbres spécifiques, durant quatre ans. En 1900, une série de Négri Sembilan reçoit une surcharge « Federated Malay States », ce qui la rend commune aux quatre États fédérés.

Cela marque la fin, provisoire, des émissions spécifiques au sultanat au profit des timbres malais.

Au gré de l'agrandissement de l'influence des Britanniques dans la zone malaise, la fédération cesse d'exister en 1935. Chaque État redevient alors un protectorat à part entière et recommence à émettre ses timbres. C'est le cas de Negri Sembilan, qui imprime une série courante représentant des armoiries.

Ces timbres ont cours jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1941, le Japon occupe les territoires malais. Les Japonais se servent dans les stocks de timbres qu'ils trouvent sur place afin de réaliser des séries d'occupation. Par conséquent, la série courante de 1935 voit plusieurs valeurs recevoir trois surcharges japonaises différentes.

À l'issue du conflit et de la défaite japonaise, la Grande-Bretagne entend bien reprendre le contrôle des territoires malais administrés collectivement depuis Malacca. Negri Sembilan, à l'instar des autres protectorats malais repris sous protectorat britannique, Bornéo excepté, utilise les timbres de Malacca surchargés « BMA Malaya ».

En 1948, Negri Sembilan redevient un protectorat britannique détaché du reste des territoires. Les émissions spécifiques au sultanat reprennent donc. En 1952, Negri Sembilan entre dans la deuxième fédération de Malaisie puis dans la troisième, Malaysia, en 1963. Ces nouvelles fédérations imposent leurs timbres à tous les États. Toutefois, Negri Sembilan conserve parallèlement des timbres spécifiques. Jusqu'en 1986, une quarantaine de timbres sera émise pour le territoire. Depuis lors, il n'utilise plus que des timbres libellés « Malaysia ».. ■

Perak

Situé sur la côte occidentale de la péninsule malaise, ce territoire de presque 21 000 km² est entouré par les États de Kedah, de Thaïlande, de Pahang et de Selangor. Vers 1650, les Hollandais, très actifs dans la région, installent sur la rivière Perak un établissement commercial. lls en sont délogés par les Britanniques en 1705.

À la suite des guerres napoléoniennes, la présence des Britanniques monte en puissance. En 1818, la Compagnie des Indes orientales signe un accord avec le sultan de Perak par lequel les Anglais gèrent le commerce dans tout l'état avec notamment l'exploitation des mines d'étain qui suscite la convoitise des sociétés secrètes chinoises.

En 1874, à la suite du traité de Pangkor, Perak passe sous administration britannique. Un Résident y est nommé qui se fait assassiner l'année suivante. Une expédition militaire punitive est organisée. Après 18 mois d'occupation, les militaires sont remplacés par une police armée.

En 1895, un nouvel accord marque l'intégration de Perak dans la Fédération des États malais qui prendra véritablement forme le 1er juillet de l'année suivante en incluant les sultanats de Selangor, Negri Sembilan, Pahang et Perak.

En décembre 1941, la péninsule malaise est envahie par les troupes japonaises qui vont occuper Ie territoire jusqu'en 1945. Après-guerre, le sultanat de Perak montre des velléités d'indépendance. Des tentatives de soulèvement contraignent les Britanniques à intervenir plusieurs fois.

Le 30 août 1957 voit l'indépendance de la Fédération malaise, laquelle se transformera en Malaysia le 16 septembre 1965 et marque le départ définitif des Britanniques.

Sur le plan postal, on sait que ce sont les timbres des Straifs Seftlements qui sont utilisés à Perak et dans les autres états malais à partir de 1874. Mais les courriers d'avant 1B77 sont excessivement rares.

En 1878, un premier timbre surchargé apparaît à partir de 1880, il sera suivi d'autres timbres surchargés de la seule mention « PERAK ». Ce n'est que le 1er janvier 1892 qu'apparaissent les premiers timbres définitifs libellés au nom du sultanat : ils sont illustrés d'un tigre.

À partir d'avril 1942, des timbres surchargés à la main avec un petit cachet sont mis en vente pour souligner l'occupation japonaise.

À la fin des hostilités, Perak qui est encore dans le giron britannique, dispose de toutes les émissions dites « omnibus ». En 1957, le portrait du sultan Yussuf lzzudin shah fait son apparition en médaillon sur une série libellée Perak.

Si le sultanat utilise régulièrement les timbres de Malaysie, il émet épisodiquement depuis 1965 des séries courantes (communes à chaque état) où apparait l'effigie du sultan. ■

Perlis

Avec une surface de 245 km², Perlis est le plus petit état de la Malaisie. Son histoire est intimement mêlée à celle du Kedah, le sultanat voisin dont il faisait partie. Le Kedah, quant à lui était vassal du royaume de Siam.

Au XVIe siècle, la région suscite les envies des Portugais, du sultanat d'Aceh et du Siam voisins pour le contrôle du détroit et le commerce des épices, notamment le poivre. Au siècle suivant, une princesse arrive à tenir tête au souverain du Siam en s'alliant avec les sultans de Johore et de Pahang.

En 1821, le Kedah finit par être conquis par le Siam. Auparavant en 1813, le district de Perlis a déjà été placé sous administration siamoise avec un gouverneur. En 1826, un traité entre la Grande-Bretagne et le Siam voit la reconnaissance par ce dernier des futurs états malais contrôlés par les Britanniques. Mais au Kedah, le sultan n'accepte toujours pas la gouvernance thaï et la guerre fait rage.

En 1842, en désespoir de cause, le sultan finit par accepter la domination des Siamois. Cette année-là, ces derniers détachent également le Perlis et y installe un roi issu de la famille régnante du Kedah. L'année suivante, le Kedah est devenu un royaume.

Reste que les Britanniques surveillent attentivement la région et les velléités expansionnistes du Siam. En 1909, un nouveau traité est signé entre les deux parties. Les Britanniques forcent les Siamois à leur céder le Kedah et le Perlis.

En 1941, à la suite de l'invasion japonaise de la péninsule malaise, le Perlis est remis à la Thaïlande en remerciement de son alliance avec l'empire du soleil levant.

À la fin de la guerre, le sultanat reviendra à la Grande-Bretagne qui l'intègrera à l'Union des États Malais en février 1948. Ce n'est qu'en 1957 que le Perlis obtiendra son indépendance au sein de la Malaysie, la fédération des États Malais.

90 figurines et 2 blocs onrt été émis jusqu'en 2007. Avant 1909, se sont les timbres du Sian qui sont utilisés, puis se sont les timbres de la Fédération malaise qui y sont introduit. ■

Sabah

Avec ses 77 500 km², Sabah se situe en Malaysia et ne doit pas être confondu avec Saba (sans h à Ia fin) petite île des Caraïbes qui a fait partie des Antilles Néerlandaises.

C'est le sultan de Brunei, tout proche, qui dirige ce petit pays à l'économie florissante dès le XVe siècle. On dit que les navigateurs portugais seraient les premiers européens à s'approcher de la ville et que Magellan y a fait escale en 1521.

À la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle, le sultan de Brunei décide de donner un territoire au Sultan voisin qui gère l'archipel des Sulu (au sud des Philippines) en compensation de l'aide apportée lors de la guerre civile. Ce territoire correspond aux parties est et nord de Bornéo.

Dans les années 1840, les Britanniques comme les Américains se révèlent intéressés par la région et différents accords sont signés mais les Américains - Guerre de Sécession oblige - sont obligés de laisser faire les Britanniques. Et puis, Espagnols, Italiens, Austro-hongrois viennent revendiquer Sabah et l'archipel des Sulu...

Malgré la création de la North Borneo Chortered Company bénéficiant d'une charte de garantie du Royaume Uni, il faut la signature du protocole de Madrid en 1885 pour que la région trouve un semblant d'apaisement.

En 1888, le Bornéo du nord devient un protectorat britannique. La fameuse compagnie administrera le Bornéo du Nord jusqu'en 1942 avec quelques rebellions sévèrement réprimées. Le 3 janvier de cette année-là, les Japonais envahissent Labuan puis le nord de Bornéo.

Des mouvements de résistance apparaissent et après quelques succès sont obligés de reculer en raison de la faiblesse de leur armement. La répression nippone est féroce et plusieurs milliers de civils y perdent la vie. On estime que les Japonais ont massacré 16% de la population totale durant les trois ans d'occupation.

La vengeance des locaux sera à la mesure de ces massacres : quelques centaines de japonais seulement (sur les 25 000) rentreront au pays. Le Bornéo du Nord devient une colonie britannique le ler juillet 1946. La capitale, Sandakan complètement détruite, sera remplacée par Jesselton (aujourd'hui Kota Kinabalu).

Le Sabah devient indépendant en 1965 et rejoint la Fédération malaise. L'appellation anglaise North Borneo disparait. La deuxième plus grande région de la Malaisie émet ses propres timbres l'année suivante. ■

Sarawak

Imaginez un jeune anglais âgé de 36 ans qui vient de récupérer la fortune de son père décédé, environ 30 000 £. Il décide d'acheter un bateau et rêve d'explorer des contrées inconnues. Il part vers l'Extrême-Orient, région du monde qu'il connait un peu pour avoir combattu dans les rangs de l'Armée du Bengale et en être revenu blessé en 1825.

James Brooke arrive à Singapour et débarque à Sarawak au début du mois d'août 1839 où il rencontre le sultan local.

En 1841, après être retourné dans les Célèbes et à Singapour, il revient à Kuching (la capitale de Bornéo) et apprend du sultan ses difficultés avec les pirates. ll arrive à régler l'affaire de manière pacifique ce qui lui vaut les remerciements du sultan qui lui confère Ie titre de rajah.

À la suite de cette aventure, il devient extrêmement célèbre dans son pays. ll reçoit différentes distinctions et est promu consul général de Bornéo. De retour à Sarawa (il entreprend de réformer le pays : il améliore l'administration, promulgue des lois et surtout lutte contre la piraterie endémique dans cette région du monde.

ll revient à Londres en 1847 et se voit nommé gouverneur et commandant en chef de Labuan, future colonie britannique. Mais c'est vers l'année 1855 qu'est mis en route le premier service postal de Sarawak. En 1859, Brooke fait venir des timbres de l'Inde anglaise à Kuching. Sur lettres d'époque, ces timbres sont extrêmement rares et recherchés.

Cette première étape permet de faire rentrer quelques fonds dans les caisses du jeune état. En 1868, la santé de James Brooke décline et il doit rentrer en Angleterre. ll décède le 11 juin en désignant son neveu Charles comme rajah de Sarawak.

On ignore s'il a vu les préparatifs de l'émission du timbre à son effigie qui est émis le ler mars 1869. Et évidemment il n'a pas pu mesurer la popularité de cette initiative. On sait que cette année-là, les timbres d'Inde anglaise utilisés dans la région sont remplacés par ceux des Straits Settlements (Etablissements des Détroits).

Le timbre à l'effigie de Sir James Brooke, le « rajah » blanc, sert jusqu'au 31 décembre 1870. ll affranchit les lettres locales de moins d'une demi-once (environ l5 grammes). Le ler janvier, une nouvelle série est émise avec le profil de Charles Brooke, le neveu. ll faudra attendre 1888 pour que Sarawak devienne un protectorat britannique. ■

Selangor

Le Selangor est l'un des 13 états malais constituant la Malaysia et il abrite sa capitale, Kuala Lumpur.

Industriellement très développé, c'est aussi l'état le plus peuplé et le moins pauvre de la région. S'il semble que Selangor, situé sur la péninsule malaise, ait été visité par les Chinois au XVe siècle, ce n'est que lorsque Malacca tombe entre les mains des Portugais en 1511 que le petit état se retrouve gouverné par le Sultan de Johore (un état malais voisin).

Mais ce dernier dut faire alliance avec des mercenaires venus de Singapour pour combattre des envahisseurs venus de Jambi dans le centre de Sumatra. Après avoir vaincu les arrivants, ces mercenaires décidèrent de rester et commencèrent à s'implanter notamment à Selangor.

C'est en 1766 qu'un prince de Riau fut intronisé sultan et commença à diriger le sultanat de Selangor.

La découverte de gisements d'étain attirèrent de hombreux migrants notamment chinois et malais. Des heurts assez sévères eurent lieu entre les différentes factions qui cherchaient à contrôler l'exploitation de l'étain et à bénéficier de ses revenus. lls amenèrent les Britanniques à intervenir et en 1874, un « resident » fut nommé et chargé d'administrer le territoire.

Peu de temps auparavant, le sultan Abdullah autorisa l'exploitation de l'étain à la confluence des rivières Kelang et Gombak (kuala en malais).

Mais l'eau devint très vite boueuse (lumpur). C'est ainsi que naquit la grande agglomération qui porte ce nom aujourd'hui et que les Britanniques élevèrent au rang de capitale du sultanat en 1880.

Auparavant, le centre administratif de Selangor se trouvait dans la ville de Klang. Stabilisé avec l'arrivée de l'administrateur anglais, Selangor continua de prospérer. En 1896, une union avec les états de Negri Sembilan, Perak et Penang consacre les premiers États Malais Fédérés avec pour capitale Kuala Lumpur. Après la fin de la 2e Guerre mondiale, les États malais se transformèrent en Fédération de Malaya en 1948 et devinrent indépendants en 1957. En 1963, cet ensemble enrichi des autres colonies britanniques de Sarawak, Bornéo et Singapour devient la Malaysia que nous connaissons aujourd'hui.

Du point de vue philatélique, les parties classique et semi-moderne sont évidemment les plus intéressantes. N'omettez pas les timbres de Malaysia oblitérés des neuf districts de Selangor, ils font bien sûr partie de la collection.. ■